- EN RANG BANDE DE SNOTS PUANTS !!! hurlait l’instrukteur à la petite bande d’orques et de gobelins rassemblée dans la cour d’un fort perdu au cœur des montagnes entourant Karak aux huits pics. Afin de préparer l’invasion des royaumes Nains, le seigneur de guerre Grumlok du Soleil Sanglant avait eu une idée révolutionnaire, bien qu’on chuchota parmi les tribus peaux-vertes sous ses ordres que c’était plutôt l’œuvre du chamane gobelin qui ne le quittait jamais : Gazbag. Quoi qu’il en soit, cette idée consistait à entrainer les jeunes orques et gobelins n’ayant pas encore connu les joies de la guerre afin de triompher plus rapidement de ces maudits nains. Car aucun orque ne doutait qu’ils allaient gagner, la grande question étant : quand ? C’est pourquoi des vétérans couturés de cicatrices, à la peau semblables à du vieux cuir vert presque noir se chargeaient de l’instruction des nouvelles recrues. Cela donnait parfois quelques situations cocasses.
L’instrukteur Thuffbad se tenait devant la petite troupe et commençait son premier jour d’entrainement :
- Bon ! Cé mieux. Faut que j’vous essplique c’ke vous faites ici les boyz. Y a l’big boss, y veut que j’vous entraine à mieux buter lé nabots alors pour kommencer, y a un boyz devant moi qui s’rait capab’ de m’dérouiller ? Les jeunes orques se regardèrent entre eux, hésitèrent, et foncèrent tous vers le vétéran dans un grand WAAAGH !! Des situations cocasses…
L’instrukteur suivant ne fit pas la même erreur. Il était accompagné d’une poignée de balaiz’boyz.
- V’nez voir par là les p’tits. Y a un truk qu’il faut qu’j’vous dise. Pour bien latter les nabots, y faut faire komm’ ça. L’orque dessine alors avec son gros doigt griffu un sorte de… enfin plutôt un… Enfin bref il dessine quelque chose dans le sable de la cour.
- Là, ya les boyz avec des boukliers, y servent à s’ke les boyz qui sont derrière s’fasse pas latter. Derrière y a les gobs avec les squigs et les chamanes. S’ke j’veux pas voir c’est que les koup’tout foncent à travers lé zaut’ boyz ! Faut passer sur eul’ koté et on les prend komm' dans un squigburger ! On appelle ça une taktike. La petite troupe fit alors un ‘’hoooooooo !’’, impressionnée par le savoir faire du vieil orque.
- Des kestions ? Z’avez kompris ?
- Heu ouais chef j’ai tout kapté, les gars k’ont des grosses zarmures y sont d’vant, tout ça… Mais cé quoi un nabot ? Le deuxième ‘’hoooooooo !’’suivit, une fois encore impressionnée par l’intelligence d’un des jeunes gobelins à la voix nasillarde.
- Très juste. Un nabot c’est komm’ ça : ça a la taille d’un gobz , l’kourage d’un gobz, mais cé pas un gobz ! Cé plus gros, plus rose et ça a des poils ici, répondit l’instrukteur en montrant sa large mâchoire. Et c’est ainsi que l’entrainement continua.
- ‘Jourd’hui les boyz, on va faire des travaux pratikes ! Nouvel ‘’hoooooooo !’’ impressioné.
Z’allez là-bas, vous m’kouper kélk’zarbres et vous rev’nez ici, j’ vous dirais quoi faire après.
Ils y allèrent. Virent des arbres. Les vainquirent. Satisfaite de sa victoire, la troupe revenait vers l’instrukteur en chantant ‘’Les jolies boucheries chez lé zarbreuh, merci Gorka merci Morka !’’
- Cé du bon boulot les boyz. Maint’nant vous d’vez…
- Heu chef ? C’était Nagstik, l’un des plus jeunes de la bande qui avait parlé.
- Ouais ? Koik’y a ?
- C’est mon bras, chef. J’crois ke j’l’ai abîmé.
- K’ess tu veux dire ? Tu krois k’tu l’as abîmé ?
- Ben j’peux pas être sûr chef, passke j’le trouve plus. L’est pas dans les bois et aucun dé zaut’ gars l’a. Le jeune orque avait l’air profondément piteux.
- Cé pas vrai ! J’tourne le dos un moment et tu kommences à perd’ des truks ! Bon t’as l’choix, tu peux aller voir l’chamane-guérisseur Morbog ki te remettra p’têtre un bras ou tu peux t’passer d’bras. Nagstik regarda les autres autour de lui. Il ne parvenait pas à oublier le pauvre Skroga qui avait pris un coup de kikoup’ dans la poitrine (personne ne savait trop dans quelles circonstances, les paris étaient à deux dents pour Snagrot, trois pour Blag). Il n’avait plus jamais été le même après que Morbog lui ait amputé les deux jambes.
- En fait chef, j’krois ke c’est pas mal un seul bras, chuis plus léger, ch’pourrais mieux passer dans les trous, tout ça.
- V’là un bon gars ! rayonna l’instrukteur.
Le dernier entrainement consistait en un exercice d’embuscade. L’orque noir avait expliqué les tenants et les aboutissants de cette stratégie, avec plus ou moins de bonheur et de nombreuses baffes pour rappeler la bande à l’écoute des ‘’essplikations’’. Cette dernière était divisée en deux, un groupe devant tendre une embuscade à l’autre.
Le kosto de la troupe embusquée dans la forêt donnait ses dernières instructions.
- Doiv’ t’êt’ par là, annonça Badrukk au reste de sa bande qui se mit à scruter à travers l’épais feuillage. Il eut soudain une illumination :
- les boyz, ‘koutez moi. On va tous beugler pour les faire v’nir. Pi on s’bouge de là et k’an qu’y passe, on les éclate ! Tous avec moi ! WAAAAAAAAGH !!!! La réponse vint immédiatement, l’autre groupe cria aussi afin de montrer qu’ils faisaient bien plus de ‘’boukan’’, eux. Et maintenant qu’ils savaient où était le groupe embusqué, la réaction qui suivit ne fut guère surprenante : ils chargèrent. La stratégie fonctionna : la bande de Badrukk qui s’était écartée de la charge chargea à son tour. Le combat laissa une poignée de morts, quelques membres estropiés, des dents en moins ("tes krocs y valent pas un pet d'snot !") et deux jours d’âpres discussions afin de savoir qui avait gagné. Mais ils étaient prêts et pour la gloire de Gork (et de Mork !), ils allaient rejoindre l’armée peaux-verte en route vers Barak Varr afin de ‘’krabouiller tous lé nabots de c’te monde !’’
WAAAAAAAAAAAAGH !!!!!
Chérubaël.