[récit] Une sombre affaire*

Il y avait les ténèbres. Une cruelle et oppressante sensation qui nouait les entrailles. L’air était lourd, étouffant. Puis il y avait cette écoeurante odeur de renfermé. Des relents putrides qui restaient au fond de la gorge. Et enfin ce murmure. Pas exactement un murmure, plutôt une litanie. Un babillage incessant. Perpétuel. L’irritante sensation d’une craie crissant sur un tableau noir.

« Nous ne devrions plus être très loin maintenant. Chuchota une voix qui malgré toutes les précautions prises semblait tout aussi bruyante que le fracas d’un marteau sur l’acier.

-Nous touchons au but, lui répondit une autre voix aux intonations plus rauques. Ils ne nous échapperont pas cette fois-ci. »

Ils débouchèrent sur une salle éclairée par des braseros. Il n’y avait rien hormis un autel en pierre sur lequel était gravé une étoile à huit branches au centre de laquelle prônait un œil. Les deux hommes s’en approchèrent non sans crainte.

« Cet endroit pue la souillure du chaos » maugréa l’un d’eux. Il se prénommait Marius. Il était plutôt élancé, les épaules larges. Il portait un long manteau de cuir à haut col et il cachait son visage sous un chapeau à larges bords. On distinguait nettement à sa ceinture deux pistolets de duel et il tenait à la main une rapière.

L’autre ne dit mot. Lui se prénommait Günther. Moins grand que son compagnon. Vêtu d’une robe de bure. Il tenait dans une main un manuscrit richement décoré et dans l’autre un talisman en or représentant une comète à deux queues. Etait accroché à son dos un pesant marteau. Il arborait sur son visage une balafre qui lui courait le long du côté gauche. Son crâne était rasé et sur son cuir chevelu étaient tatouées des prières et des serments.

« La magie noire est partout en ces lieux, constata Günther tandis qu’il faisait le tour de la salle. Il n’y aucun mal à ressentir son empreinte c’est comme si nous étions dans une sorte de réceptacle.

-J’ai comme un mauvais pressentiment tout à coup, peut être est il déjà trop tard ? Se demanda Marius.

-Sigmar est avec nous ! C’est lui qui nous a mené en ses lieux et il est de notre devoir d’accomplir son jugement ! Proclama Günther en tendant son poing en l’air.

-Attends Günther… Ecoutes bien, tu n’entends pas ?

-Qu’est ce que je dois entendre Marius ?

-Ce silence… Voilà un moment déjà que la litanie a cessé… Je te le dis j’ai un mauvais pressentiment, murmura Marius en tirant un pistolet de sa ceinture. »

C’est à ce moment précis qu’une dizaine de silhouettes surgirent du couloir opposé à celui par lequel ils venaient d’arriver. Ils n’étaient pas humains. Enfin pas totalement. Tous portaient les stigmates du chaos. Les germes de la corruption. Ils se jetèrent sur les deux compagnons comme des bêtes sauvages. Marius fit feu de son pistolet. Son tir eut raison d’un des mutants qui s’écroula en hurlant comme un damné.

Günther recula de quelques pas, il ouvrit son grimoire et commença à réciter haut et fort un vieux cantique. Sa voix résonna comme le tonnerre qui gronde, portant plus haut que les hurlements des mutants. Ces derniers se mirent à couiner en se tenant les oreilles. D’un geste net et habile Marius trancha en deux l’une des aberrations et profita du répit pour rejoindre le prêtre de Sigmar.

« Que proposes tu maintenant ? Demanda Marius tout en rechargeant son pistolet. Tu ne pourras les retenir éternellement et ils sont trop nombreux…

-La foi est notre bouclier ! Si tu as foi en Sigmar il ne t’arrivera rien ! Clamait Günther entre deux versets. Il est temps de purifier ces âmes dans le tourment !

-Je vois… Murmura Marius en tirant son second pistolet. »

Les mutants rampaient jusqu’à eux. Marius avait bien du mal à imaginer qu’autrefois ils furent humains. A chaque fois il ressentait ce même dégoût pour ces êtres abjects. Le chaos contaminait tout. Et il était de son devoir de stopper ce mal quel qu’en furent les conséquences.

Deux nouveaux tirs laissèrent autant de mutants choirent à terre dans leur propre sang. Mais avant qu’il n’ait pu recharger l’un d’eux l’attrapa à la jambe et planta ses crocs à travers sa botte. Il retint un cri de douleur et fracassa la crosse de ses deux armes sur le crâne du mutant dans un écoeurant craquement d’os. Un autre parvint à lui sauter dessus et le fit chuter lourdement contre le sol.

La pierre avait un contact froid. Son adversaire lui enserra le cou de ses longues mains rachitiques. Marius tenta bien de se débattre mais il était fermement maintenu au sol. Il commençait à manquer d’air et à suffoquer. Sa vision se troubla l’espace d’un instant. Il appela à l’aide Günther mais aucun son ne sortait de sa bouche. Il sentit une vive douleur. Deux autres mutants le frappaient avec de vulgaires bâtons.

L’échec avait un goût particulièrement amer dans sa bouche, par sa faute des centaines d’individus risquaient d’être corrompus à leur tour. Il tenta une nouvelle fois de se débattre mais en vain. C’est à cet instant qu’il perdit connaissance.


« Debout… Marius… Lèves toi bon sang ! »

Marius se releva avec précipitation, il chercha de sa main son épée mais ne la trouva pas. Durant quelques instants il ne semblait pas vraiment réaliser où il était, ni même ce qu’il y faisait. Puis la douleur lui éclaircit la mémoire. Il se souvenait du tunnel, de l’autel et de l’attaque des mutants. D’un bref regard il scruta la salle à la recherche de ces monstres dégénérés mais il n’y avait que lui et Günther.

« Il s’en est fallu de peu, mais Sigmar ne semblait pas si pressé que ça de te rappeler à ses côtés. Murmura le prêtre en esquissant un sourire.

-Que la peste emporte ces saletés d’abominations… Grommela Marius en se passant la main autour du cou. D’ailleurs où sont ils tous passés ?

-Tu ferais mieux de ne pas trop t’en faire pour ça. Nous ne devrions pas trop traîner il se peut que d’autres arrivent sous peu. »

Les deux compagnons poursuivirent leur exploration. Plus ils s’engouffraient dans ce tunnel, plus ils pouvaient sentir la marque du chaos. Les murs se mirent à suinter, tandis que des visages grimaçants vociféraient des insanités. Marius tenta de ne pas y prêter attention. Devant lui Günther marchait avec résolution. Il semblait baigné d’un halo de lumière. Il était un parangon du Saint patron de l’Empire, un individu zélé à la foi. A chacun de ses pas il semblait repousser l’obscurité et ce qu’elle pouvait renfermer.

« Ecoutes… Dit il dans un chuchotement. Il semblerait qu’ils aient repris leur rite impie. Il est peut être encore temps. Hâtons nous ! »

TO BE CONTINUED...

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