[Background] Chérubaël*

On dit que que les Dieux sont des êtres sans aucune morale, n'agissant que pour leur bon plaisir. On dit qu'ils peuvent tout aussi ben nous aimer que nous mépriser. On dit vrai. Mon père m'avait prévenu : prends bien garde des Dieux, honore les mais méfie toi d'eux, leurs bénédictions peuvent vite devenir des malédictions. Vois les fous qui se complaisent dans l'adoration de leur divinité, que ce soient ces fous sanguinaires du Seigneur des Crânes ne trouvant leur bonheur que dans la mort et le sang, ou ces Mystiques du Maître du Changement qui masquent toutes leurs décisions derrière un labyrinthe de complexités...
Pourquoi ne l'ai-je pas écouté ? Me voici maintenant emprisonné dans mon propre corps, soumis à la volonté de ce démon !
Ho je vois que tu penses encore à moi, c'est flatteur mon ami, très flatteur...- Et plus j'y pense, plus j'éprouve de la haine pour toi et toute ta maudite engeance !
Hi hi hi ! Je vois que tu as la mémoire courte mon ami, laisse moi te rappeller comment nous nous sommes rencontré...Un tourbillon de lumière enveloppa ma conscience et je revis ce passé douloureux, début de mon esclavage.
Je me revis... Fils du seigneur d'une puissante tribu vouée au Chaos Universel dans sa somptueuse majesté, j'étais destiné à lui succéder et ainsi m'attirer la gloire de multiples pillages dans les terres du Sud. Je serais devenu un champion des Dieux, béni par leurs dons ! Repenser à ce que j'ai perdu me fit sombrer dans un nouvel accés de folie pure mais comme toujours, j'en ressorti avec un goût amer dans la bouche. La bouche... Comme s'il m'en restait une dans cette illusion.
Quoi qu'il en soit, ma déchéance débuta lorsqu'un parvenu me défia peu avant mon passage à l'âge adulte. Il me vainquit. Je me souviens encore de ma haine, ma rage : comment moi, futur seigneur d'une des plus puissantes tribus du Nord, je pouvais être battu par un vulgaire guerrier ?! Cela ne pouvait être ! Aussi pris-je une décision, la décision que j'allais regretter pour le restant de l'éternité. J'appellais les Dieux et Démons afin qu'ils me donnent la force de vaincre mon rival mais... j'avais oublié l'avertissement de mon père... Un démon a répondu à ma supplique. Il est apparu dans le cercle d'invoquation, sortant des flammes du feu magique que j'avais fait avec l'aide d'un sorcier. Je dis ''il'' mais je devrais plutôt dire ''elle'' car cette entité se présenta sous la forme d'une petite fille de 6 ans qui aurait pu passer comme étant adorable si on oubliait ses deux petites canines qui pointaient entre ses lèvres, sa queue fouettant.
Elle s'appellait Chérubaël.
Ses yeux semblables à ceux d'un félin me fixèrent avec curiosité. Je me souviens avoir été terriblement déçu, j'avais demandé un démon, un vrai, et je me retrouvais avec une gamine certe démoniaque, mais une gamine quand même ! Je le lui dis. Cela ne lui plut pas. Elle annonça alors d'un ton enfantin, moqueur : ''lorsque l'on joue avec le feu, il faut faire attention à ne pas se brûler... et tu t'es beaucoup approché du cercle mon grand... trop selon ton point de vue, j'en suis sûre.''

Je me retrouvais au milieu d'une gigantesque cathédrale en pierre sombre qui tombait en ruine. Le ciel était noir de nuages éclaircis par des éclairs qui auraient pu rajeunir le plus vieux des Shaggoths. Et devant moi elle pouffait de rire.
- Où m'as tu emmené, espèce de sale monstre !!
Ho ce n'est pas très gentil ça... Cela dit je peux comprendre ton irrespect. Et je dois t'avouer que je m'amuse comme une petite folle ! Pour répondre à ta question en un mot comme en cent, j'ai pris possession de ton corps, il m'appartient. Tu te trouves en ce moment dans une prison mentale que j'ai faite pour ton esprit. Oui je sais ça fait plus d'un mot mais je n'aime pas respecter ce que je dis. Au fait comment trouves tu ta nouvelle cage ?
Des suppliciés étaient torturés sur des chevalets alors que l'orage redoublait de violence. Des visages apparaissaient continuellement sur les murs, leur bouche ouverte dans un silencieux hurlement. Des humains enfermés dans des cages mutaient sans cesse pour finir en... choses vivantes, je n'aurais su le décrire avec exactitude. A mesure que j'observais ma prison, je me mis à désespérer et je ne me souviens plus trop de ce qu'il se passa alors. Je pense maintenant que Chérubaël m'a regardé m'effondrer en riant de son maudit petit ricanement de gamine. Mon esprit était enfermé dans sa prison mentale. Mon corps ne m'appartenait plus, elle pouvait en faire ce qu'elle voulait. Il ne me restait plus que mes souvenirs.
Ho si tu veux je peux t'en débarasser, ne suis-je pas d'une grande clémence ?
- Quoi tu es encore là ? Je t'interdis de lire mes pensées sale petite truie !
Hum... finalement je ne suis pas d'une grande clémence...
Tout se méla alors dans un brouillard rouge et noir. Je ne sais combien de temps elle tortura mon esprit tandis que, attaché à de lourdes chaînes, je l'observais dans les brumes de ma douleur manier les instruments. Je m'aperçus bien vite qu'elle avait une imagination prolifique, m'appliquant sans cesse de nouvelles méthodes de torture physique ou psychologique. Et je hurlais, je hurlais, je hurlais de toute la force de mon âme.
Et Tzeentch sait qu'elle n'est pas bien forte hi hi hi !
La ferme maudit démon...

Je suis incapable de dire combien de temps a passé, elle refuse de me le dire. Cela fait partie de ses petits sévices continuels... Dans ma prison il n'y avait ni jour ni nuit, juste un éternel orage, reflet de ma colère interne. J'avais essayer de marcher jusqu'à la limite : j'avaiçais jusqu'à avoir laisser derrière moi la cathédrale en ruine, jusqu'à apercevoir, une lueur et un bâtiment au loin. Mais cette bâtisse resemblait étrangement à celle que j'avais laissé derrière moi... J'étais revenu à mon point de départ. Le seul point que l'on pourrait décrire comme étant positif dans tout cela était que je pouvais voir ce qu'il se passait à l'extèrieur, dans le monde réel : il me suffisait de regarder à travers un vitrail cassé. Sans doute un autre des petits plaisirs de ma tortionnaire pour me rappeller ce que j'ai manqué mais au moins j'avais une occupation. Je m'aperçus alors qu'elle avait changé mon bras droit en une sorte de gigantesque bouche mutée là où se trouvait autrefois ma main.
Oui le corps humain n'est franchement pas bien %!x£çu : aucune arme naturelle ! C'est d'un ridicule vraiment !
- Si tu n'en es pas contente, tu peux me le rendre.
Ton sens de l'humour est vraiment incroyable. Je ris comme jamais.
Je vis après qu'elle avait participé à une grande bataille, dans une vallée maintenant inondée de sang. Elle avait alors rejoint une vague compagnie guerrière après la défaite. Comme si ça avait de l'importance...
En effet très cher, j'ai envie de voir le monde et cette petite bande est un excellent moyen. De plus elle me servira pour quelques objectifs... Il faut par exemple que je trouve pour mon maître Azzornu'Ghaar la trace d'un artefact mais j'ai oublié son nom... Orf il va me punir si je ne m'en souviens pas... Ba tant pis, ça me reviendra bien un jour ! Mais le problème mon petit, en prenant possession de ton corps je peux voyager où je veux dans les terres des mortels mais je suis aussi soumise aux impératifs des mortels... Manger, boire, je me demande d'allieurs si je ne vais pas te transformer en femme pour certains autres aspects de la vie...
- Tu n'oserais pas !
J'vais m'géner tiens hi hi hi !
- Ha oui et tu peux m'expliquer comment les autres membres de cette bande de guerre vont prendre le fait que tu es un homme puis le lendemain une femme ?
Mais avec envie, mon petit chéri ! Ils croiront que je suis bénie par Tzeentch et ils n'auront pas tout à fait tord...